Déménager : la réponse aux nouvelles aspirations et besoins des Français en 2022

12 octobre 2022

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Le Sofinscope reflète la perception qu'ont les Français de leur budget logement

A.Les dépenses liées au logement : des dépenses essentielles qui demandent un effort budgétaire pour les Français…

  • Cette année, les Français déclarent dépenser en moyenne 662€ pour leur loyer ou remboursement d’emprunt, soit 51 euros de moins qu’en 2019 (-7%). Le montant mensuel alloué au logement diminue et annule la hausse constatée il y a trois ans, mais il ne retrouve pas pour autant son niveau d’avant 2016 (entre 614€ et 633€).

    • Comme en 2019, le budget logement est plus élevé lorsque les Français habitent dans l’agglomération parisienne (819€) ou qu’ils sont propriétaires de leur logement (770€). En revanche, il est plus réduit pour les locataires (590€) et les personnes seules (520€).
    • A l’inverse des autres tranches d’âge, le budget logement des Français âgés de 35-49 ans progresse cette année et passe de 732€ à 764€. C’est également le cas des Français qui ont deux enfants dans leur foyer, ce qui implique davantage d’espace (de 788€ à 858€).
  • Alors que les dépenses liées au logement diminuent, le taux d’effort progresse dans le même temps, signe d’un budget plus que jamais contraint pour les Français. Aujourd’hui, les Français évaluent à 23% la part des dépenses de leur loyer/remboursement d’emprunt dans les revenus mensuels de leur foyer (+1,1 point). Selon l’INSEE, au premier trimestre 2021, 22% des ménages déclaraient que leurs revenus avaient diminué par rapport à mars 2020, soit deux fois plus que ceux qui déclaraient qu’ils avaient augmenté (9%)(1)(Note de bas de page) .Dans ce contexte, un Français sur quatre juge ses dépenses consacrées au logement trop importantes par rapport à ses revenus (25%, stable depuis 2019).
    • Les dépenses de logement prennent davantage de place dans le budget des Français de moins de 35 ans. Avec un taux d’effort déjà supérieur à la moyenne en 2019 (30%), ils consacrent aujourd’hui plus d’un tiers de leurs revenus à leur loyer/remboursement d’emprunt (34%).
  • Les Français constatent également un décalage entre la part des revenus de leur foyer consacrés aux dépenses de logement et les caractéristiques de celui-ci. Confrontés à une crise énergétique qui a entrainé cette année une hausse de 4% des prix de l’électricité, les Français en ressentent les conséquences sur leur portefeuille : 41% estiment dépenser trop pour leur logement, notamment en termes d’énergie, par rapport à ce qu’ils consomment réellement. Par ailleurs, deux Français sur dix estiment que la part des revenus de leur foyer qu’ils allouent à leur logement est trop importante compte tenu de sa situation géographique (21%, +2 points), sa qualité (20%, +1 point) ou de sa surface (20%, +1 point).
    • Les locataires font état d’une situation nettement plus précaire que les propriétaires. 34% d’entre eux estiment que leurs dépenses de logement sont trop importantes par rapport à leurs revenus, contre 20% des propriétaires. Notons néanmoins que cette perception est en baisse constante depuis 2017, mais la baisse décélère d’années en années (-3 points contre -6 points entre 2018 et 2019, -14 points entre 2017 et 2018).
    • Les populations dont les situations sont les plus fragiles perçoivent davantage le décalage par rapport aux caractéristiques de leur logement. 29% des Français âgés de moins de 35 ans estiment que la part des revenus de leur foyer consacrée aux dépenses de logement est trop importante par rapport à sa surface (contre 16% des 35 ans et plus). 30% des Français dont le foyer gagne moins de 2000€ par mois pensent de même au sujet de la qualité de leur logement.

B. Un budget logement qui contraint les Français à des sacrifices dans d’autres postes de dépenses plus facilement compressibles

  • Un tiers des Français déclare aujourd’hui éprouver des difficultés à faire face à son loyer/remboursement d’emprunt (33%), soit 3 points de plus qu’en 2019. Des difficultés actuelles qui pourraient bien perdurer dans un contexte inflationniste : 47% des locataires craignent de ne pas pouvoir face à la prochaine révision de leur loyer, de même que 44% des Français au sujet des prochaines charges (électricité, gaz) à cause de l’inflation.

    • Les difficultés à faire face aux dépenses de logement progressent chez tous les Français, quel que soit le statut d’occupation de leur logement, mais elles sont toujours particulièrement fortes pour les locataires (49%).

  • Pour faire face à ces difficultés, plus d’un Français concerné sur deux envisage de réduire ses dépenses (53%). Si cela reste la solution privilégiée, elle l’est de moins de moins au fil des années, perdant 12 points depuis 2018. Les Français se tournent davantage vers d’autres alternatives comme augmenter leurs revenus, en prenant un deuxième emploi, en demandant une augmentation ou encore en vendant des objets leur appartenant (33%, +3 points). La dernière étude Sofinco sur la seconde main révélait d’ailleurs que plus d’un Français sur deux a fait le choix de vendre des produits/biens d’occasion au cours des douze derniers mois (54%)(2)(Note de bas de page) .

  • Les Français rognent ainsi sur la plupart de leurs différents postes de dépenses pour compenser le coût de leur logement. Près d’un Français sur deux estime que le budget mensuel consacré au logement a un impact important sur leurs dépenses dans au moins un domaine, et cet impact perçu progresse depuis 2019. La consommation alimentaire est le domaine le plus affecté (59%), et celui qui enregistre la plus forte progression (+10 points). Une majorité de Français perçoit aussi un impact de leur budget logement sur leur capacité d’épargne (54%, +2 points), leurs vacances (53%, +3 points) et sur leur capacité à entamer des projets de rénovation énergétique (53%). Si l’impact sur la santé est jugé important par un peu moins d’un Français sur deux (45%), cette perception progresse de 4 points depuis 2019.

    • La différence de situation entre locataires et propriétaires est ici encore très marquée. A minima six locataires sur dix estiment que la part de leur budget mensuel consacrée au logement a un impact important sur les différentes dépenses. La consommation alimentaire est le poste de dépense le plus touché (76%), mais ils soulignent également un impact important sur les vacances (68%), l’épargne (65%), les loisirs au quotidien (62%). Notons que moins d’un propriétaire sur deux estime que le budget logement a un impact important sur les autres dépenses, à l’exception de la rénovation énergétique de leur logement (51%).

    • La nécessité d’ajuster les autres dépenses semble particulièrement forte pour les parents. Sept interviewés sur dix concernés déclarent que leurs dépenses de logement ont un impact important sur leurs dépenses en matière de consommation alimentaire (71%), de vacances (68%) ou sur leur capacité d’épargne (66%).

C. Déménager, un projet envisagé par les Français, avec des critères en termes de cadre de vie sans doute revus depuis la crise sanitaire

  • De manière générale, les Français se disent satisfaits de leur logement : 80% partagent cet avis. Néanmoins, une part significative de Français fait part de son envie de changement. Près d’un quart d’entre eux reconnait s’être lassé de son logement (25%) ou se sentir à l’étroit (24%). Finalement, 32% des Français ont envie de déménager et 23% ont déjà commencé à chercher un nouveau logement.
    • o Les Français habitant l’agglomération parisienne ont particulièrement envie de déménager (41% contre 30% de ceux qui résident en région), mais ils ne franchissent pas tous le cap pour autant (23% ont commencé à chercher un nouveau logement), pour l’instant.
    • Les parents, aux besoins évolutifs, ont également envie de changement. Ils déclarent ainsi, pour un tiers d’entre eux, s’être lassés de leur logement (33%) ou s’y sentir à l’étroit (36%) et 40% ont envie de déménager.
  • Un tiers des Français affirme avoir revu ses critères en termes de choix de logement avec la crise sanitaire (33%). Interrogés sur les facteurs rédhibitoires en la matière, les Français mettent de très loin l’insécurité au premier plan. 49% jugent inenvisageable de déménager dans un quartier où l’insécurité est élevée. Les Français font également état d’autres critères, cités de manière équivalente. L’absence d’un extérieur est le deuxième critère de rejet le plus cité, par 28% des Français, ex aequo avec la perspective d’habiter dans une zone polluée (38%). Par ailleurs, l’accès aux services et à la mobilité est également crucial. Pour deux Français sur dix, un logement ayant peu de commerces de commerces à proximité (25%), situé dans un désert médical (24%), mal desservi en transports en commun (21%) ou encore situé dans une zone où le stationnement est difficile (16%) n’est pas envisageable. Au global, 63% des Français ne s’imagineraient pas habiter dans une zone présentant au moins un de ces quatre défauts limitant l’accès aux services, à la mobilité.
  • S’ils devaient déménager demain, l’aspect environnemental pèserait également dans le choix des Français. Pour 20% des Français, il serait plus difficilement acceptable de déménager dans une zone proche d’une centrale nucléaire, que dans une zone proche d’éoliennes (12%). Les enjeux environnementaux pèsent de plus en plus dans les choix des Français au quotidien (par choix ou contraintes). Plus d’un Français sur quatre a d’ailleurs déjà envisagé de déménager pour éviter d’être confronté à des catastrophes naturelles (27%, +2 points depuis 2021(3)(Note de bas de page)).

  • Pour financer un futur déménagement, l’épargne est le mode de financement privilégié par les deux tiers des Français (65%, 39% citent ce mode de financement en premier lieu). Ils sont néanmoins presque aussi nombreux à envisager d’avoir recours à des facilités de paiement (61%), via un paiement fractionné (44%) ou un crédit (35%).

    • Le recours au crédit est davantage envisagé par les Français dont le taux d’effort pour les dépenses de logement est le plus élevé. 44% de ceux qui consacrent plus de 34% de leurs revenus à ces dépenses y auraient recours s’ils déménageaient demain.
  • Déménager, oui, mais en tant que locataire ou propriétaire ? Les Français entrevoient les difficultés de l’accession à la propriété. Près d’un Français sur deux considère qu’être propriétaire représente plus de contraintes (frais de notaire, taxe foncière, entretien…) que d’être locataire (46%). Près de 20% des propriétaires avouent même regretter la vie de locataire (17%). Néanmoins, les Français restent attachés au fait de posséder leur logement. Seuls 26% recommanderaient à leurs enfants de rester locataires plutôt que de devenir propriétaires.
    • Les propriétaires en cours d’acquisition de leur résidence principale – et qui ne bénéficient donc pas encore complètement des avantages de la propriété – avouent plus facilement regretter la vie de locataire (23% contre 12% de ceux qui ont fini de payer leur achat immobilier).

En conclusion, cette étude révèle plusieurs grands enseignements

  • Alors que les dépenses liées au logement (loyer/remboursement d’emprunt) se réduiraient cette année, elles prennent davantage de place dans le budget des Français contraint par la succession des crises sanitaire, économique et énergétique. Ces dépenses essentielles, difficilement compressibles, entrainent des arbitrages à la baisse sur d’autres postes de dépenses.
  • Les Français estiment trop dépenser pour leur logement par rapport à leurs capacités financières mais également par rapport au logement dont ils disposent. Pour rééquilibrer ce rapport dépenses/qualité de vie, avec de nouvelles aspirations issues de la crise sanitaire, une partie des Français cherchent à déménager. Trois critères pèsent dans leur choix : la sécurité, la présence d’un extérieur et les commodités. Les facilités de paiement sont une solution envisagée pour donner vie à ce projet et pallier les difficultés budgétaires.
  • Plusieurs populations font état de difficultés prégnantes liées à leurs dépenses de logement : les Français entrant dans la vie adulte, les parents de jeunes enfants et tout particulièrement les locataires. Devenir propriétaire pourrait apparaitre comme la solution pour résoudre ces difficultés, mais les Français sont conscients des contraintes, y compris financières, liées à l’accession à la propriété.

Retrouvez l'étude complète en cliquant ICI.

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